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Ecole de Kundalini Yoga

Les clichés sur le Kundalini Yoga (suite)

so-clicheVoici la transcription d'un échange entre Navjeet et Mister O. (pseudo) qui se destine à devenir enseignant, et qui s’interroge sur des aspects soi-disant obligatoires dans la pratique du Kundalini Yoga. Cela fait suite au petit "vrai-faux" sur la page les clichés du Kundalini Yoga parue précédemment. Le but n'est pas d'initier des polémiques mais d'apporter des précisions et de susciter la réflexion. En effet, serait-il yogi ou chien fou celui qui s'entraînerait sans réfléchir et surtout sans expérimenter ?

Mister O. - Bonjour, Je pratique depuis 2 ans le Kundalini yoga tel qu'enseigné par Yogi Bhajan. J'ai fait des méditations sur de longues périodes et je ressens enfin des effets positifs sur moi! A 41 ans, j'envisage une éventuelle reconversion professionnelle, voire un changement dans ma vie. Aussi je m'intéresse, entre autre, au professorat de yoga et plus précisément de Kundalini Yoga. j'ai donc regardé sur ce site pour connaître les modalités et centres de formation. Mais j'avais aussi quelques questions. Est-il obligatoire de porter un couvre tête, en tant que professeur de Kundalini yoga? La sadhana est elle obligatoire? Tous les matins? Tous les hommes doivent-il se laisser pousser la barbe? Par ailleurs en surfant sur le net, je suis tombé sur la FTKY, fédération Tantra et de Kundalini Yoga, qu'elle est la différence avec la FFKY, est-ce le même yoga?
Merci d'avance pour vos réponses.

Navjeet - Bonjour Mister O. On m'a transmis votre demande de renseignement sur le professorat de Kundalini Yoga. Je suis Navjeet Singh, président de la FFKY. Je vous remercie de votre question et vais tenter d'y répondre (pardon pour le retard !)

Est-il obligatoire de porter un couvre-tête pour enseigner ? Yogi Bhajan était Sikh, et en tant que tel portait la tenue traditionnelle des Sikhs, dont le turban. Il a proposé à ses élèves de rejoindre cette tradition. Certains l'ont fait, d'autres non. Ce n'était pas une obligation, évidemment. Son propos était de former des enseignants de Kundalini Yoga, et non des Sikhs ! Par ailleurs, il faut savoir que les humains ont toujours cherché à protéger certaines zones du corps (sexe, reins, poitrine, tête...) et cela pour différentes raisons. Il s'avère qu'une coiffe bien serrée est souvent utile lorsque l'énergie est fortement sollicitée au niveau de la tête : elle invite la Kundalini à redescendre au centre du corps au cas où elle se serait trop élevée vers l'extérieur. Comprenez que la projection de la Kundalini au-dessus de la tête est le processus même de la mort. Et ceci n'est pas vraiment notre projet ! 😉 Au Tibet, un yogi dont la Kundalini s'est élevée avait obligation de porter une coiffe et interdiction de s'asseoir à même le sol. La raison évoquée était de conserver la "chaleur spirituelle" à l'intérieur de soi afin de rester alerte et disponible pour venir en aide à autrui, ce qui définit le mode d'être d'un vrai Guru. Lorsque cela est établi, il n'y a rien qu'un yogi ne puisse accomplir et toutes ces histoires n'ont plus aucune importance.

D'autre part, le turban serré est une forme d'ostéopathie crânienne, car il maintient et ajuste les os du crâne. Aujourd'hui la médecine a (re)découvert le rôle important des traumatismes liés aux déformations du crâne du bébé au moment de la naissance. Autant de raisons qui ont poussé Yogi Bhajan à recommander aux enseignants de se couvrir la tête, non pas avec un "joli bonnet blanc" comme font certains mais avec un entourage bien serré. En tous cas, cela est fortement recommandé (obligatoire) lors des sessions de Tantra Blanc.

Cependant, ces explications ne fondent en rien un plaidoyer en faveur du port du turban : l'important est d'enseigner et de le faire de la façon la plus excellente possible. Et pour cela, vous devez être à l'aise, vous sentir vous-même et désamorcer tous les conflits intérieurs, n'est-ce pas ? Comprenez que d'un côté il est important d'offrir un cadre lorsque beaucoup de personnes sont impliquées dans une voie, et d'un autre côté il est tout aussi important d'avoir conscience que que les cadres sont des illusions et des instances provisoires. Les plus grands maîtres ont su parfois se montrer assez iconoclastes pour consacrer le plus clair de leur vie à briser le formalisme. Je vous invite aussi à étudier les Yoga Sutra de Patanjali et à essayer de mettre en relation Yama-Nyama et Samadhi pour voir comment s'articulent ou pourraient s'articuler la discipline et l'état de Libération.

La sadhâna est-elle obligatoire ? Rien n'est jamais obligatoire, sauf si l'on s'oblige... La sadhâna est la pratique fondamentale d'un yogi. Pas de sadhâna, pas de yogi. C'est aussi simple que cela. Là encore, tout est question de forme : il s'agit de pratiquer, de s'entraîner à défaut de quoi quelle serait l'expérience du yoga ? De tout temps on sait que le meilleur moment pour s'entraîner est le matin très tôt, d'abord parce que l'énergie de l'environnement est plus pure, puis parce que l'esprit est plus disponible et parce que c'est un moment où nous pouvons nettoyer le mental de ses rêves et fantasmagories. De façon générale, il s'agit d'être en yoga avant que le soleil ne soit levé, ou plutôt avant qu'il atteigne une inclinaison particulière par rapport à la Terre. Yogi Bhajan recommandait des durées et moments précis. Je trouve qu'il est profitable de tendre vers ces définitions : 2h30 de pratique entre 5h et 7h30 du matin et, ou à défaut, de l'après-midi. C'est étonnant de voir comment certains s'obligent à respecter des horaires erronés oubliant complètement qu'ils ne suivent pas l'heure solaire !

Là aussi, c'est "une histoire de cadres". Si vous faites 10-15 minutes de yoga tôt le matin et que cela vous convient, ça vous conviendra bientôt tellement bien que vous voudrez en faire un peu plus, et ainsi de suite. Dans l'idéal, nous devrions pratiquer le yoga non seulement pour évoluer physiquement et intérieurement mais pour fêter et célébrer le fait d'être en vie et d'être des esprits incarnés dans une expérience de vie consciente, ce qui est merveilleux. Il me semble que d'effectuer 10 minutes de yoga à midi avec joie et extase soit bien plus sain(t) que 2h30 laborieuses et sans saveur. Si vous devenez enseignant, il vous sera indispensable d'avoir été confronté à ces deux extrémités pour pouvoir guider pas à pas vos élèves tout en leur montrant que la sadhâna est quelque chose de très intime : une rencontre entre soi et soi, unique moment qui ouvre la porte de la divinité.

Tous les hommes doivent-ils se laisser pousser la barbe ? La forme de votre question limite un peu le sujet. Il ne s'agit pas de barbe mais de système pileux. Je veux dire cheveux, barbe et poils. Et cela concerne autant les hommes que les femmes. Si nous avons des poils, c'est qu'ils doivent bien servir à quelque chose, sur un plan physiologique comme psychologique. Globalement, l'idée est d'essayer de rester tels que nous avons été "fabriqués", pour la simple raison que ce que nous sommes est en essence déjà parfait. C'est un travail d'acceptation et de reconnaissance de notre divinité. Cela signifie aussi que nous ne voulons pas devenir quelque chose d'autre que ce que nous sommes déjà mais que, au contraire, nous essayons de reconnaître la perfection de notre être et du monde, au-delà de nos propres projections faites de toutes sortes d'espoirs, de craintes, de croyances et manipulations. Ainsi, les femmes ne sont pas invitées à se raser les jambes et le pubis pour devenir aussi douces que des belettes, ni les hommes à arborer des visages d'asticots. (Je plaisante).

C'est un sujet multi-dimensionnel et qui me semble inépuisable. Tout d'abord, le fait de laisser tomber le rasoir et la crème épilatoire constitue traditionnellement (en Inde et autour) une opposition à l'érémitisme qui exige justement de se raser pour manifester son renoncement à la vie sociale. Pour autant, et à un degré encore plus ultime, cela répond au contraire à la nécessité de vivre et demeurer à un niveau de conscience très intérieur et intime dans lequel l'on goûte à la perfection du monde dans un état d'acceptation totale, sans aucun projet. Et à ce stade, non seulement, on laisse pousser poils et cheveux, mais aussi les ongles des mains et des pieds, on boit l'air des montagnes et l'on suce les cailloux pour s'alimenter. L'Histoire regorge des merveilleuses aventures de tels "Babas" qu'on rencontre encore de nos jours dans les Himalaya ! Cela aussi peut constituer une étape sur la voie qu'on désigne sous l'appellation du "yoga intérieur". Donc, si vous vous laissez pousser la barbe, que ferez-vous de vos ongles ?

Je dois dire que, s'il n'y a pas le radicalisme que je viens d'évoquer (et qui est spontané et non calculé), l'idée de se laisser pousser la barbe revêt plutôt un sens socio-culturel et porte un message soumis à toutes sortes d'interprétations, justes comme injustes. Là encore, si vous n'avez pas l'intention soit de pratiquer le sikkhisme, soit de vivre dans l'extase solitaire d'un baba, il vous faudra trouver d'autres raisons pour le faire. Et il y en a quelques-unes qui pourraient piquer votre curiosité. Par exemple, lorsque les cheveux sont longs, leurs vibrations liées aux mouvements du corps et au vent se transmettent au cuir chevelu et stimulent les chakra supérieurs. De façon très subtile, nous recevons des informations qui peuvent être traitées directement par le cerveau, augmentant ainsi notre niveau d'intuition. De même pour les poils de la barbe. Il existe aussi un point subtil, le point de Lune sur le menton des hommes qui est fragile et peut être simultanément protégé et stimulé par la barbe. Plus généralement, les cheveux longs maintiennent votre niveau de sensualité, de virilité et d'intuition. Yogi Bhajan évoquait aussi les cheveux comme des "antennes cosmiques", capables de capter des informations d'ordre universel. Il y a également le fait de la transformation en vitamine D sous l'effet du soleil, mais là je n'ai pas toutes les compétences. Quant aux poils, c'est aujourd'hui la mode de l'épilation totale et donc pubienne. Or, les poils pubiens ont leur fonction : régulation thermique (important pour les testicules) et le maintien d'un équilibre bactérien. Notre époque, pourtant si hygiéniste, vit une extraordinaire recrudescence de maladies génito-urinaires. Il est fort probable que la mode de l'épilation en soit une des causes. De même pour les aisselles dont les désodorisants détruisent la fonction même de régulation de la transpiration. Enfin, le fait que l'invitation de Yogi Bhajan ne soit pas radicale (n'incluant par exemple pas les ongles) devrait vous inviter à trouver et expérimenter de bonnes raisons pour vous laisser pousser ou pas la barbe. Personnellement, je ne porte pas de barbe pour une raison très personnelle et qui me ravit très profondément (à défaut d'être perçue par les autres) : tant qu'il y aura sur cette planète des barbus maniant la kalachnikov, je ne la porterai pas. Par ailleurs, je n'aurais pas pu vous écrire ce message avec des ongles d'un mètre de long ! Donc, à la question initiale d'obligation, il n'y a pas de meilleure réponse qu'une invitation à l'étude et à la réflexion. Comme aux questions précédentes d'ailleurs.

Différence entre FFKY et FTKY. Cette dernière a été fondée par un ancien disciple de Yogi Bhajan et n'est pas reconnue comme émanation de son enseignement par l'instance internationale (3HO) que le maître a créée. On y enseigne un Kundalini Yoga expurgé des aspects dont on vient de traiter, et combiné avec d'autres pratiques thérapeutiques et psychanalytiques ainsi que de la danse. Mais je sortirais de mon rôle en en disant plus. Allez voir ! Notez aussi qu'il n'y a pas de conflit entre les deux fédérations.

Pour finir, lorsque vous serez enseignant, vous devrez signer une Charte Éthique dont vous vous engagez à respecter la teneur. Hormis tout ce qui est d'ordre de la manipulation psychologique, la déformation des enseignements et les abus sexuels (ce qui est le fonds de toute bonne Charte Éthique), et qui vaut sanction en cas de non-respect, le reste des recommandations constitue une sorte d'idéal vers lequel l'enseignant s'efforce de tendre avec conscience et cohérence. Cette remarque a été récemment rappelée de façon officielle par le Kundalini Research Institute (KRI) qui s'occupe entre-autres de ces questions.

J'espère avoir répondu au mieux à vos interrogations. J'aurais pu envisager de publier ce texte sur le site de notre fédération car vos questions sont importantes et concernent des aspects profonds du yoga, mais dans la mesure où il s'agit plutôt d'une réflexion partagée, cela me semble inapproprié. En revanche, si vous m'y autorisez, j'aimerais bien publier (sans vous citer) cet échange sur mon propre site.

Voici des liens qui pourraient vous intéresser :

http://ffky.fr/wp-content/uploads/2016/05/codedexcellence.pdf
http://ffky.fr/devenir-professeur-de-kundalini-yoga/
http://www.yogakundalini.fr/les-cliches-sur-le-kundalini-yoga/
http://www.yogakundalini.fr/cheveux-des-yogis/

Je vous souhaite de réussir dans le parcours que vous envisagez. Sachez que notre fédération reste à votre disposition pour toute question et toute aide dont vous auriez besoin. Puisque vous pratiquez déjà ce yoga, vous pourriez aussi devenir membre pour bénéficier de différentes informations (http://ffky.fr/adhesion/).

Belle journée à vous !

Navjeet Singh
Président de la Fédération Française de Kundalini Yoga

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