Pourquoi j'enseigne le Yoga ?
La question est mal posée, plutôt dirais-je "que nous enseigne le Yoga ?" Je crois qu'il nous enseigne à nous enseigner nous-même. C'est un art, un art de vivre avant d'être "un art d'être". Si nous pouvions "être", tout simplement, nous n'aurions pas besoin du yoga, et avoir de quoi manger, dormir et se protéger des intempéries serait bien suffisant.
Mais nous sommes des esclaves. Esclaves de nos pensées, de nos habitudes, de nos croyances... Alors le yoga est là pour t'aider à te débarrasser de tout cela, et à laisser s'ouvrir, là, maintenant, la fleur de ton savoir-être, de ton bien-être, de ton être tout court.
Le yoga te montre comment t'asseoir sans créer de douleur, de torsion, de tension... Comment te tenir debout avec de "vraies jambes" et l'énergie d'un arbre, comment t'allonger comme une feuille légère touchant à peine le sol, et mourir libre et contente comme une fleur qui s'offre à l'infini cosmos.
Libre ! Libre ! C'est le mot, la pierre angulaire du yoga. Libre de comportements malsains, libre des adhésions familiales, sociales, politiques (...) limitantes, parfois jusqu'à l'avilissement. Apprentissage de l'autonomie totale par la soustraction de ce qui nous encombre, nous conditionne, nous malmène, nous rends dépendants jusqu'à l'esclavage.
En ces temps de dictature sanitaire sur fond de nouvelle religion (le scientisme) déjà compromise dans la corruption et les conflits d'intérêts, rien n'est plus bénéfique que le yoga et l'apprentissage de l'indépendance physique et psychique qu'il propose. Je ne parle pas de ce yoga récupéré pour occidentaux qu'on trouve dans les studios d'élevage en batterie de petits acrobates hygiénistes et branchés. Je ne parle pas non plus d'un yoga prétendûment authentique, apanage de passéistes à qui la vision d'un futur meilleur fait toujours défaut. Je parle du yoga qui te confronte à qui tu es en ce moment, avec toutes tes imperfections, tes peurs, tes vains espoirs et surtout tes petites hypocrisies qui te pilotent vers l'auto-asservissement.
Apprendre à "être là", aussi banal que cela puisse paraître, est bien plus nourricier que nombre de possessions, de savoirs et de réalisations.
Apprendre à "désapprendre" t'en apprend plus que tout autre apprentissage.
Apprendre à faire "juste un pas" dans la posture, dans la respiration ou un enchaînement, peut te faire enjamber d'un coup les cent-milles lieues qui te séparent de toi-même.
Apprendre à connaître la vraie nature de ton esprit où se fabriquent l'immensité de tes souffrances, te montre le chemin de l'émancipation de toi-même et de toute chose, jusqu'à la liberté, jusqu'à l'amour total, jusqu'à la sagesse sans nom ni contenu.
Nous vivons dans la dualité. Bien malin qui prétend s'en défaire ! Et pourtant, bien idiot qui prétend s'y complaire ! Par le yoga, les fanatiques de la dualité comme ceux de la non-dualité se retrouvent face à face et peuvent pactiser et envisager un "au-delà des mots", un "au-delà des maux"...
Bise !
Navjeet