
Le Kundalini Yoga est à la fois exigeant et pas exigeant.
Il l'est dans la mesure où la "barre" fixée est assez haute : unir sa conscience à la conscience cosmique. Cette idée, exaltante pour certains, exotique pour d'autres, n'est ni nouvelle, ni originale, ni déplacée : c'est le but de tous les yogas depuis la nuit des temps. Il est vrai qu'en le pratiquant seulement comme une gymnastique, une distraction, un sport... son objectif devient difficile à atteindre et ses apports s'en trouvent très appauvris. En Occident, de nombreux professeurs font l'impasse sur cette dimension (mais c'est en train de changer). Sans-doute est-ce pour avoir plus d'élèves? Ce n'est pas très honnête. Pourtant, il n'en coûterait rien de se confronter à ce qu'on peut imaginer de plus élevé dans l'expérience humaine. C'est au contraire le meilleur moyen d'avoir des résultats concrets dans sa pratique. C'est comme échanger un caillou contre un diamant. Juste échanger, sans autre contrepartie...
Aussi, sur cette base, est-il important de comprendre que les bienfaits ordinaires (vitalité, joie, souplesse, clarté mentale, force, etc) produits par le yoga sont simplement des conséquences collatérales et non des objectifs en soi. Et c'est tant mieux! Si on veut le plus, on obtiendra au moins le moins... Aussi, quelle que soit la motivation du yogi (distraction, guérison, maintient de la santé, éveil...) est-il continuellement invité à placer la barre plus haut, à tenter de se surpasser, de devenir meilleur, plus subtil, plus intelligent. Voilà pour le côté exigeant.
Pour l'aspect non-exigeant du Kundalini Yoga, comprenons que nous ne visons pas la "posture parfaite". Vous n'irez pas concourir aux jeux olympiques, du moins pas avec moi! Selon les yoga sutras de Patanjali, il y a huit niveaux ou membres de pratique du yoga et ils sont tous inter-connectés. Parmi ces huit, asana (la posture) n'en représente qu'un seul. S'il se pouvait que vous ne soyez pas de très habiles yogis et yoginis, ni souples, ni endurants, il vous serait demandé d'exécuter au mieux la posture, et de tenter de progresser millimètre par millimètre, simplement. Pour cela, la volonté, la force, n'offrent que très peu de ressources. L'asana, aussi imparfait qu'il puisse être pratiqué, devient "juste" quand il intègre les sept autres membres du yoga : les disciplines (yama et niyama), le retour des sens vers l'intérieur (pratyahar), la respiration (pranayam), la concentration (dharan), la méditation (dhyân), et enfin le samâdhi! Si tout cela se retrouve dans la posture, elle est juste et apporte de nombreux bienfaits.
Alors ne soyez pas trop exigeants avec le corps, mais permettez-vous d'être dans l'écoute et la détente profonde, la respiration, la concentration, la méditation, l'ouverture de votre conscience quand vous pratiquez. Notre corps connaît inconsciemment toutes les postures : il peut les pratiquer et progresser facilement si l'on cesse de le forcer et de le maltraiter et qu'on lui restitue progressivement son "intelligence naturelle". On dit que le foetus pratique naturellement les postures dans le ventre de sa maman. Après, il naît et on lui apprend d'autres postures : se tenir de travers devant une console vidéo, manger assis sur une chaise avec l'estomac bien comprimé, dormir dans un lit mou, porter des talons hauts avec les fesses en avant, le dos courbé et la tête en arrière, conduire d'énormes camions jusqu'à rétrécir sa colonne vertébrale de plusieurs centimètres... Ca oui, c'est exigeant! Mais le yoga n'exige pas toutes ces tortures.
Il vous invite à retrouver l'aisance naturelle. C'est un acte d'amour et de bonté envers soi-même.