Question de Marie S., jeune enseignante
Bonjour,
Je m'appelle Marie. J'ai effectué ma formation niveau I au Canada en 2011. Je commence à donner des cours en France et j'ai eu une question d'une élève à laquelle je n'ai pas su répondre (...)
On peut travailler l’énergie du haut vers le bas ou du bas vers le haut, qu'est-ce qu'il vaut mieux faire? On m'a dit qu'il pouvait être dangereux de travailler du bas vers le haut car ça réveille des souvenirs archaïque. Qu'en pensez?
En vous remerciant pour vos commentaires à ce sujet.
Bonjour Marie,
L'énergie vitale (dynamisante, inspirante) est appelée prâna, et celle du bas (élimination) est apana. Les deux (faisant partie de 5 types d'énergies) sont indispensables à la vie humaine. Qu'il en manque une, et l'on est mort.
Le mental est continuellement balloté entre ces deux énergies, et pour cette raison, il atteint rarement la paix, le calme, la clarté et vit plutôt dans la dualité et toutes les souffrances qui en découlent. Aussi, le propos du yoga est-il de réunir et de stabiliser prâna et apana au centre du chakra du cœur afin que l'esprit soit plus calme et plus conscient. Pour cela, nous invitons prâna à descendre, et apana à monter. Mais cela ne fonctionne pas si notre système nerveux n'est pas équilibré et résistant, si les canaux subtils ne sont pas nettoyés, si notre aura est affectée... bref, si nous ne réunissons pas un minimum de conditions. Yogi Bhajan a toujours dit que le Kundalini Yoga est un bon moyen pour s'éveiller tranquillement et sans danger. Pratiquer les kriya du Kundalini Yoga, c'est se préparer continuellement à l'éveil de la Kundalini (la conscience). Se préparer, c'est le plus important, bien plus que de "travailler sur le haut et/ou le bas" (pour reprendre votre expression).
En effet, lorsque apana monte, cela entraîne parfois un réveil d'émotions négatives refoulées et "stockées" depuis longtemps (voire depuis plusieurs vies) et qui peuvent surgir violemment comme une éruption volcanique. Nous devrions pourtant le ressentir comme une bénédiction et nous réjouir quand cela se produit, car c'est une libération : ce qui est sorti l'est pour de bon et ne reviendra plus. C'est nettoyé ! Hélas, les gens n'envisagent pas les choses de cette façon. Ils ne sont simplement pas informés correctement. C'est pourquoi leur mental reprend sans-cesse le dessus en "re-fabriquant" ces perturbations. Cela devient un système autogène, un mode de vie. Ils finissent par s'entasser dans les salles d'attentes de toutes sortes de thérapeutes qui jouent avec cette ignorance et se font beaucoup d'argent. Cet état de fait énervait souvent Yogi Bhajan.
Si l'on abaisse le niveau énergétique de prâna, l'intériorité qui en découle peut nous conduire à des états de déprime très profonds ou à une sorte de torpeur dans laquelle l'esprit déambule sans but et devient du plus en plus ignorant. Il importe toutefois de traverser ces états car ils se résorbent dans une sorte de clarté neutre et ouverte sur le monde. Traverser la "noire laque de l'esprit" comme disent les zen. Là aussi il y a des dangers si l'on ne comprend pas. Et à nouveau, les mêmes thérapeutes guettent... 😉
Voilà pourquoi, nous devons, entre autre, travailler simultanément sur prâna et apana. Car dans ce travail, l'harmonie est présente et une compréhension profonde de notre être intime peut prendre place. C'est aussi pourquoi gyan-mudra et shambhavi mudra (regard entre les sourcils) sont si présents dans le Kundalini Yoga : nous avons besoin d'intelligence, de sagesse et d'intuition pour ressentir et comprendre comment tout cela fonctionne. D'une façon générale, lorsque apana monte fortement, il convient d'adoucir l'expérience en utilisant prâna. Et lorsque prâna est trop puissant, il convient de réveiller apana. A vous de trouver comment faire... Dans les standards proposés par Yogi Bhajan, il y a beaucoup de kriya dynamiques et c'est pourquoi la séance se termine souvent par une méditation en ce sens qu'elle ramène l'énergie au centre et favorise l'ouverture et la stabilité.
Pour finir, un enseignant devrait faire simplement confiance aux kriya et ne jamais chercher à induire des expériences chez ses élèves. De même il est absurde d'éveiller la Kundalini. C'est comme s'amuser à tirer les moustaches d'un lion endormi ! Kundalini-Shakti s'élève le moment venu, lorsque le corps (physique et subtil) est prêt à la recevoir, cela comprenant l'équilibrage parfait du système nerveux. Le Kundalini Yoga n'est rien de plus que ce travail préparatoire. Et la grâce se présente d'elle-même.
Je vous souhaite de réussir dans votre nouvelle vie et d'avoir des étudiants brillants.
Navjeet